Hier soir, j'étais invité par Eric Sivry à son cours qu'il donne à l'Université Interâges de Meaux.
Tout au long de l'année, différents sujets culturels sont ainsi proposés à un auditoire composé majoritairement de personnes âgées.
La soirée s'est très bien passée, et les échanges avec Eric Sivry et l'assemblée ont été enrichissants.
Cependant, J'ai appris que le public était presque 3 fois moins important que d'habitude. Sur le programme qui était destiné aux "universitaires", j'étais annoncé en tant qu'auteur de la Bande Dessinée KZ Dora.
Certaines personnes présentes, des personnes âgées, donc, avec qui j'ai pu échanger en fin de soirée, lors d'une séance de dédicaces espérée, reconnaissaient avoir beaucoup de mal à lire de la bande dessinée.
Pour elles, l'absentéisme du jour était lié à ce fait. La BD n'atteint pas les personnes âgées.
Ils prétendent ne pas en connaître les codes.
Lorsque j'ai présenté mon projet de BD à l'une des associations d'anciens déportés de Dora, alors que j'en étais encore à sa phase d'écriture, j'ai été surpris par les différentes réactions. La plupart ont vite compris l'intérêt de bénéficier d'une BD sur le thème de la déportation pour transmettre à un public plus jeune. C'était la réaction non pas des anciens déportés présents, mais celles de la génération suivante (souvent les enfants des déportés). Leur inquiétude était liée au contenu de mon projet. Ils voulaient s'assurer d'une certaine éthique. Cette réaction me semblait juste.
Par contre, même s'ils ne l'ont pas dit clairement, les autres, les déportés, leurs compagnes ou leurs amis du même âge, ont semblé avoir plus de mal à adhérer à cette idée de bande dessinée sur la déportation, sur leur déportation.
Comme s'ils craignaient d'abandonner leur histoire à un support qu'ils ne maîtrisaient pas, ou qu'ils ne considéraient pas.
Comme je le dis parfois en interview, si je me suis lancé dans l'histoire de KZ Dora, c'est en partie pour eux, pour leur rendre hommage, mais j'ai toujours pensé qu'elle ne s'adressait pas à eux, mais bien à leurs enfants et petits enfants.
Évidemment, certaines personnes âgées ont suffisamment d'esprit et font fi de leurs préjugés sur la BD, comme Stéphane Hessel, qui n'a pas hésité à apporter sa contribution à KZ Dora en la préfaçant. Mais il semblerait qu'Hessel soit une exception. une nouvelle preuve qu'il est bien un homme d'exception.
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