mercredi 13 avril 2011

Quand je découvrais Dora

J'ai écrit ce texte et dessiné cet "ancien déporté polonais", à la suite d'un des voyages que j'ai effectué au sein de la commission Dora Ellrich et Kommandos. C'était en septembre 2006, à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle exposition permanente de Dora. Ce n'était pas la première fois que je venais.
Les membres de l'amicale m'avaient invité à m'exprimer sur le sujet et avaient publié mon témoignage et mon dessin dans le Dora-lien, le bulletin de liaison de la commission.

 

IMAGES D’UN VOYAGE À DORA


  Dimanche 10 septembre. Dora. Des voitures, beaucoup de voitures. Et des cars, qui passent devant les entrées du tunnel. Des centaines de personnes montent vers le mémorial.
   En attendant l’inauguration de l’exposition permanente, les gens s’embrassent, se sourient, discutent. En allemand, en français, en anglais, en polonais… D’autres en profitent pour faire un tour dans les allées du camp, sous un beau soleil bleu.
   Les officiels, les politiques, débutent leurs discours. La salle n’est pas suffisamment grande pour accueillir tout le monde, mais on a installé des bancs et un écran à l’extérieur. C’est parfois long, souvent intéressant et de temps en temps inutile. Un déporté, polonais me semble-t-il, remet au  Dr. Jens Wagner, le conservateur du musée, sa tenue d’ancien déporté. Il l’avait donc gardé tout ce temps.
   Enfin la découverte de  l’exposition. Ce n’est pas très grand et pourtant, l’essentiel est là. Pourquoi Dora, Comment Dora… Les responsables ont fait un très beau travail.
   Après le déjeuner dans les murs du site, tout ce petit monde se retrouve sur l’esplanade du crématoire. Nouveau discours et dépôt de gerbes au pied de la sculpture de Von Woijski, toujours saisissante. La multitude de fleurs témoigne du nombre de personnes qui se sentent le besoin de commémorer les morts. Avec Cécile et Henry, nous accompagnons Louis Garnier déposer la gerbe. Il nous l’a demandé, nous acceptons avec honneur et respect.
   Nous allons nous reposer un peu, car le programme n’est pas terminé. Ces voyages sont toujours bien remplis. C’est plaisant.
   La soirée commence. Une jeune chorale nous offre une échappée musicale au théâtre de Nordhausen, avant qu’un natif d’Ellrich, qui, enfant, jouait près du camp,  nous présente un film sur le sujet. Assez frustrant quand on ne parle pas allemand. On ne comprend pas tout. Peut-être que c’est pour ça que Grand-Père a toujours voulu apprendre l’allemand. Pour comprendre…
   Le lendemain, avec papa, nous rentrons. Nous longeons la rivière où Louis vient pêcher ses truites. Il nous a montré ses « coins », la veille. Il y revient souvent. A quelques centaines de mètres du camp. Derrière, les montagnes du « Harz » s’éloignent. Celles qui abritent les tunnels. Symbole de l’enfer de Dora.
   Je n’y retournerai donc pas, dans le tunnel. Pas cette fois-ci. Un autre jour, certainement, peut-être pour le faire découvrir à des proches. Qui le feront découvrir à d’autres. Qui le feront découvrir à d’autres…

© Robin Walter

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